C’est lors du dernier Forum Smart City à la Mairie de Paris que l’un de mes interlocuteurs m’a conseillé de prendre contact avec l’association Point de M.I.R. (Maison de l’Informatique Responsable). Etant constamment à la recherche d’initiatives positives, c’est sans attendre que j’ai invité Céline Zouari et Bela Loto à nous rencontrer. Pourquoi et comment sensibiliser à l’utilisation des outils numériques à une époque où il nous semble impossible de vivre sans eux ? Parole à Céline Zouari, co-fondatice de l’association.
Bonjour Céline. Tu es commerciale chez IBM depuis 25 ans. A l’heure où de nombreuses applications sont développées pour faciliter la mutualisation des biens et des services ou pour décrypter tout ce qui compose nos aliments, est-il facile d’aborder la question de l’impact écologique de nos appareils et usages numériques ?
Effectivement, l’action que j’ai entreprise en rejoignant l’Association Point de MIR peut sembler un peu schizophrène compte tenu de mon « background » professionnel. Néanmoins, c’est maintenant que nous sommes à l’ère du tout digital et où les nouvelles technologies sont là pour nous faciliter la vie, y compris dans le domaine de l’écologie et du bien-être, qu’il me semble primordial de se poser des questions essentielles. Quel est le véritable impact de nos achats et de notre utilisation du numérique sur l’environnement ? Le monde numérique est-il aussi virtuel qu’il y paraît ? Et surtout, comment le comportement de chacun d’entre nous peut-il évoluer pour faire évoluer son empreinte écologique ? Il ne s’agit pas, bien sûr, d’arrêter d’utiliser la technologie, mais d’être conscient, chacun à notre niveau, de notre impact sur notre environnement. C’est dans cette démarche de sensibilisation du grand public que Point de M.I.R s’engage aujourd’hui.
Point de M.I.R. pour Maison de l’Informatique Responsable, un lieu qui propose des ateliers, des formations et un show-room. Peux-tu nous en dire plus sur les alternatives qui existent pour consommer durablement dans ce domaine ?
A l’heure où les projections de la plupart des pays pour le respect des accords de Paris sont plutôt pessimistes, il nous semble légitime d’expliquer les gestes qui permettent à chacun de participer à l’effort global pour améliorer les choses. Par exemple, faire durer son matériel en en prenant soin (entretien et maintenance), en le réparant, en achetant du reconditionné, en préférant, dans certains cas, le téléchargement au streaming, en équipant ses prises d’interrupteur pour limiter les veilles cachées très énergivores, etc.
Vous sensibilisez aussi bien le public familles-particuliers que les entreprises. Quelles sont les motivations pour lesquelles les entreprises font appel aux services Point de M.I.R. ?
La frontière entre l’usage personnel et professionnel du numérique a tendance à s’estomper : on apporte désormais parfois son propre ordinateur au travail, l’entreprise nous équipe de smartphones, etc. Le comportement de chacun s’applique donc à la fois en entreprise et au domicile. C’est dans cette optique que les entreprises nous sollicitent pour organiser des ateliers auprès de leurs salariés. Pour les faire bénéficier de ces petits gestes qu’ils pourront appliquer à la fois à leur poste de travail et chez eux. Le salarié en tire de la valeur car il apprend des choses et se sent plus responsable. L’entreprise peut, en échange, bénéficier d’économies d’énergie, de papier, et de salariés plus responsables sur tous ces sujets.
Vous organisez les 13 et 14 avril prochains, le festival Point de M.I.R. à la Cité des Sciences et de l’Industrie. De quoi s’agit-il et que vont y trouver les visiteurs ?
Dans le cadre de ce festival, sponsorisé par la société Back Market, le e-commerçant de produits numériques reconditionnés, huit films documentaires seront projetés dans l’auditorium de la Cité des Sciences et de l’Industrie et dans la salle de cinéma du Carrefour Numérique au cours du week-end. Les réalisateurs et des personnalités sélectionnées pour leur expertise sur le sujet y débattront des différentes problématiques soulevées.
Les documentaires dévoileront tous, à leur manière, le côté obscur de l’industrie électronique : enquêtes à travers le globe révélant les répercussions environnementales et sanitaires fatales, voyage au cœur des datacenters, ces usines de stockage fonctionnant jour et nuit, découverte des coulisses du plus grand dépotoir d'Europe en Afrique, rencontre avec les perdants de la révolution numérique, etc. Ils soulèveront autant de problématiques :
Comment gère-t-on les ressources métalliques à l‘échelle du monde ? Pourquoi parle-t-on de « minerais de sang » ? Que dire d’un modèle de croissance qui pousse à produire et à jeter toujours plus ? Quid du système de recyclage européen ? La bataille contre l'immense volume de déchets qui traversent les océans est-elle perdue d'avance ? Sommes-nous plus que jamais dans l’ère de l’extractivisme?
Tout ceci pour tenter de répondre à cette question : « Un numérique plus responsable est-il possible ? »
L’entrée est libre mais la réservation fortement conseillée.