Comme pour l’alimentation, les cosmétiques font l’objet de nombreuses remises en question quant aux composants utilisés pour les produire et l’effet qu’ils peuvent avoir sur l’environnement et notre santé. Terra Lova a fait le choix de confectionner de manière artisanale des savons et des sérums à partir de composants naturels. Rencontre avec Marie Blandin.
1) Bonjour Marie. En quelques mots, quelles sont pour vous les substances toxiques que l’on retrouve le plus souvent dans les cosmétiques ? Et en quoi vos produits sont une alternative ?
Bonjour Danyla, je ne suis pas experte en toxicologie donc je ne pourrai pas répondre de façon précise à votre question. Ce qu’il y a, en effet, avec les cosmétiques industriels, c’est qu’en plus d’êtres faits à partir d’ingrédients qui n’apportent rien (comme les colorants et parfums synthétiques, les agents de textures…), ils peuvent être aussi constitués d’ingrédients nocifs et dangereux pour la santé. On pense bien sûr aux perturbateurs endocriniens qui sont des molécules ayant des structures très proches de nos hormones et qui en prennent la place dans notre corps. Cela peut être très dangereux. Le problème, c’est que c’est très compliqué de lire la liste INCI d’un produit cosmétique pour un novice et de la comprendre.
Le mieux encore pour un consommateur est de se fournir auprès d’un artisan qui fabrique lui-même ses produits et qui saura parler de chaque ingrédient qu’il utilise.
Dans mes savons, shampoings… chaque ingrédient a un rôle, une fonction et est utilisé pour son principe actif. Je suis très transparente sur la composition. D’ailleurs, mes nouvelles étiquettes sont très visuelles justement et permettent d’un seul coup d’oeil de voir tout ce qu’il y a dans un produit. Je suis très « amusée » de voir toutes ces marques industrielles communiquer sur les ingrédients naturels présents dans leurs produits en mettant en avant l’huile d’amande douce, l’avocat…alors qu’il n’y en a qu’en quantité infime. C’est complètement absurde et honteux.
Je suis toujours très curieuse de regarder les compositions. En faisant mes courses récemment, un savon a suscité mon attention, un savon appelé « savon à l’huile d’olive » d’une marque très connue. Etant donné le nom du savon je m’attendais à ce qu’il soit fait à partir d’huile d’olive. Et bien non, le savon était fait à partir d’huile de palme. L’huile d’olive était présente uniquement en fin de liste, comme ajout. Cela me fait penser à un autre savon à la lavande d’une grande marque française qui ne contient pas de lavande mais un parfum synthétique qui sent la lavande. Pourtant la marque communique de façon à faire croire aux gens que le savon est à la lavande naturelle.
2) Les huiles essentielles sont incontournables dans la confection de vos produits. Quelles compétences sont nécessaires pour pouvoir les confectionner et les vendre sans risque ?
Je ne confectionne pas, ni ne vends des huiles essentielles. En revanche, elles sont présentes dans mes savons, shampoings, sérums…Chaque produit cosmétique vendu doit faire l’objet d’une déclaration et doit être validé par un toxicologue, qu’il y ait des huiles essentielles ou pas. Ils sont donc garantis sans risque pour la santé.
3) Lorsque l’on parle de consommation durable, il est aussi question de réduire ses déchets. Dans quelle mesure cette dimension est-elle intégrée à votre processus de fabrication ?
En fait, c’est le bon sens qui m’a amenée à présenter mes produits de la façon la plus simple possible. Pour moi, c’est logique qu’il n’y ait presque pas d’emballage et de m’orienter vers des matériaux durables. En fait, tout ce que je fais, j’essaie de le faire avec du bon sens. Au lieu d’écrire bio, vegan, zérodéchet… on pourrait juste dire « fait avec bon sens, du mieux possible ».
4) Je sais que vous acceptez la monnaie Pêche. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette monnaie locale et sur son utilité ?
Cette monnaie est une monnaie complémentaire à l’euro. Elle est utilisable dans plusieurs commerces du quartier et de l’est parisien. On peut par ailleurs aussi l’utiliser à Montreuil, là où elle est est née. C’est une façon de résister au monde des banques et de la spéculation, de s’en extraire, (du moins un peu) et de faire vivre l’économie locale d’une nouvelle façon en favorisant les commerces vertueux.